Semeando, semeurs d'espoir
Semeando est un projet d’intervention immédiate contre la faim et l’extrême pauvreté. À travers les quinze familles directement engagées dans cette aventure humaine, deux cents personnes environ sont concernées par ce projet d’agriculture urbaine familiale en plein cœur du quartier le plus défavorisé de la ville de Cavalcante, au nord-est de l’État brésilien de Goiás, à environ 320 kilomètres au nord de la capitale fédérale Brasilia.
Selon une étude (2013) de l’Instituto de Pesquisa Econômica Aplicada (Institut de recherche économique appliquée), la ville de Cavalcante se trouve en dernière position sur l’échelle d’indice de développement humain municipal de l’État de Goiás.
Une situation d’urgence sanitaire
Suite aux récents bouleversements politiques qui ont secoué et secouent encore le Brésil sur ses bases, les habitants les moins bien lotis de cette région extrêmement pauvre située en plein cœur du tristement célèbre « corridor de la misère » ont perdu les quelques rares aides étatiques auxquelles ils pouvaient encore prétendre au début de l’année 2016.
Des membres d’Abram ont séjourné sur le terrain, en ont fréquenté les habitants et ont constaté l’immense désarroi dans lequel se trouvent de nombreuses familles. Ces dernières, pour la plupart monoparentales, sont le plus souvent constituées de mères ou pères seuls entourés de leurs enfants dont le nombre s’élève parfois jusqu’à six. Parmi ceux-ci, il n’est pas rare de rencontrer de sérieux problèmes de santé tels que l’anémie, des malformations dentaires, des maladies chroniques, des allergies et des maladies congénitales.
Dans la majorité des cas, ces fléaux découlent du manque d’une alimentation de qualité et de conditions de vie très précaires : sans eau ni électricité en raison de factures impayées, sans accès aux conditions d’hygiène les plus élémentaires, le destin de ces enfants malades et malnutris est tout simplement triste et révoltant.
La survie d’une communauté
Le projet Semeando est né du criant constat que si rien n’est fait, ces familles n’y survivront pas. Par l’implantation de jardins potagers, il faudra une trentaine de jours aux participants pour commencer à récolter les moyens de leur subsistance et de leur dignité. En une année, à l’aide d’une structure solide, la durabilité du projet sera déjà bien engagée.
Intervention directe
Légumes et légumineuses sont cultivés dans des parterres et plates-bandes où s’épanouissent aussi des plantes aromatiques et médicinales dont le dessein premier est d’alimenter les familles. Afin que le projet ait un impact réel sur leur alimentation, les familles participent un atelier mensuel animé par un nutritionniste. De cette manière, de véritables changements peuvent s’installer dans leur alimentation et les familles participant au projet apprennent à tirer le meilleur parti de leur jardin potager.
Initiation au compostage
Le projet prévoit aussi un volet d’éducation au traitement des déchets. Il s’agit de l’un des critères à remplir par les participants. Ainsi, tous les déchets organiques sont transformés en engrais fertiles par les techniques de compostage.
Dans un second temps, avec l’aide d’un promoteur et accompagnateur de petites entreprises, ces quinze familles tiennent un étal sur le marché hebdomadaire de Cavalcante. Cette activité fournit aux familles un petit complément de revenu et les motive concrètement à poursuivre leurs efforts en direction d’une autonomie toujours plus grande. Tout le matériel nécessaire à la structuration de chaque jardin potager est fourni. De même, les besoins en eau pour l’irrigation et en équipement pour l’étal sur le marché sont financés.
Cet ensemble complexe d’activités simples et variées créera également de l’activité sociale, car une matinée au marché peut créer des contacts pour ces personnes très souvent repliées sur elles-mêmes. Ce sont souvent des personnes très malheureuses qui ont honte de sortir de chez elle. La liste des familles qui voudraient y participer est très longue, mais il n’y a actuellement de la place que pour quelques familles parmi les plus nécessiteuses.
Les participants signeront un contrat de base qui prévoit les conditions suivantes :
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Ils s’engagent à faire de la culture biologique et familiale (sans insecticide, sans pesticide, sans herbicide et sans OGM)
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Ils acceptent d’aller au marché une fois par semaine pour vendre leur récolte
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Ils s’engagent à payer la facture d’eau à échéance
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Ils doivent participer à un cours de cuisine
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Lors de la visite de l’agronome, ils doivent être présents.
S’ils ne respectent pas ces conditions, ils seront évincés et une autre famille prendra leur place. L’ingénieur agronome responsable du projet suivra de près ces familles et passera chaque semaine leur rendre une visite. Il rédigera un rapport mensuel individuel pour chaque famille, afin que le projet puisse s’adapter à chaque situation.
Autonomie et roulement
Pendant une année, ces familles auront la possibilité de se rendre autonomes pour ensuite laisser la place à d’autres familles. Si, dans un an, ce projet est un succès, nous pourrons l’élargir à davantage de familles. Nous sommes peut-être des rêveurs, mais ce serait merveilleux si tout le quartier « Novo Horizonte » pouvait reverdir !
C’est un projet très simple, mais rond et complet. Il est durable et il permet l’autosubsistance à des familles en difficulté, car après un mois, grâce au soleil, il est déjà possible de récolter. Et ceci toute l’année sous ces latitudes tropicales où la température ne descend jamais en-dessous de 10 degrés.
La phase d’implantation signifie : préparer la terre, installer des bâches, installer une citerne d’eau dans chaque jardin, clôturer les jardins pour éviter le passage de personnes et d’animaux.
Par-delà un quartier, un biome
La ville de Cavalcante, où sera réalisé ce projet, se trouve dans une réserve environnementale et ethnologique. Il s’agit d’un peuple rare et unique qui occupe ce territoire depuis quelques centaines d’années. Les habitants, une petite dizaine de milliers d’individus, sont les gardiens de cette région fondamentale considérée par les connaisseurs comme un sanctuaire de la nature. Du point de vue de la protection de l’environnement, aux niveaux brésilien, sud-américain et mondial, si cette savane unique au monde n’est pas protégée, elle disparaîtra et la forêt amazonienne ne fera pas long feu avant de disparaître à son tour. Ces deux biomes majeurs sont si intimement liés l’un à l’autre que l’un n’existerait pas sans l’autre. Prendre soin d’un écosystème, c’est prendre soin de tout ce qui le compose : sa flore et sa faune. Le facteur humain doit être pris en compte au premier chef. Éduquer les populations à de bonnes pratiques en matière d’agriculture, de nutrition et de traitement des déchets est une noble tâche porteuse d’espoir et d’avenir.